La pierre runique de Kensington : un mystère qui pourrait réécrire l’histoire des États-Unis

Imaginez : vous creusez la terre dans une ferme au cœur de l’Amérique du Nord, à des milliers de kilomètres de l’océan, et vous trouvez quelque chose qui remet instantanément en question tout ce que vous saviez de l’histoire du Nouveau Monde. Ce n’est pas juste un artefact, c’est un message gravé dans la pierre il y a près de sept siècles, affirmant que des Européens ont atteint l’actuel Minnesota 130 ans avant même la naissance de Christophe Colomb. C’est l’histoire de la pierre runique de Kensington – l’un des mystères les plus fascinants et controversés de l’archéologie américaine.

La pierre runique de Kensington : une introduction à la saga viking en Amérique

Carte ancienne dans le style des portulans médiévaux, représentant l'Atlantique Nord avec l'indication du Vinland et les routes des drakkars vikings.

L’été 1898. La petite ville de Kensington, dans le comté de Douglas, Minnesota. Un fermier immigré d’origine suédoise nommé Olof Ohman (Olof Ohman) défrichait un terrain rocailleux pour y semer. En travaillant sur les racines d’un vieil tremble, lui et son fils ont découvert une pierre plate et lourde, enfoncée dans le sol. Cette pierre, d’environ 30 pouces (76 cm) de long et pesant plus de 200 livres (90 kg), était couverte d’inscriptions étranges et anguleuses. C’étaient des runes.

La pierre runique de Kensington, comme on l’a appelée, contenait une inscription gravée qui, si l’on en croit son contenu, changeait radicalement la chronologie de la colonisation de l’Amérique. L’inscription est datée de 1362 et raconte l’histoire d’une expédition tragique d’explorateurs scandinaves. Si l’authenticité de la pierre est confirmée, elle prouverait que des voyageurs norvégiens et suédois n’ont pas seulement débarqué sur la côte de l’Amérique du Nord, comme ce fut le cas au Vinland, mais ont réussi à pénétrer profondément dans le continent, au cœur du Midwest, bien avant l’ère des Grandes Découvertes géographiques.

Depuis sa découverte jusqu’à aujourd’hui, la pierre est l’objet de vifs débats entre linguistes, historiens et archéologues. Pour certains, c’est une preuve irréfutable de l’exploit des Scandinaves médiévaux ; pour d’autres, une mystification soigneusement élaborée, créée peut-être par Ohman lui-même ou par ses voisins. Mais avant de plonger dans le débat, il est nécessaire de comprendre à quoi ressemblait l’Amérique avant Colomb et avant Ohman.

L’Amérique avant Colomb : le contexte de l’époque et les prémices des voyages vikings

Photographie en noir et blanc de 1898 : le fermier Olaf Ohman détache un morceau de la pierre runique de Kensington en présence de sa famille et d'un prêtre.

Au moment où Colomb atteignit les Caraïbes en 1492, les Scandinaves avaient déjà une longue histoire, bien qu’interrompue, de contacts avec l’Amérique du Nord. Les sagas du Vinland – « La Saga d’Erik le Rouge » et « La Saga des Groenlandais » – décrivent les voyages de Leif Erikson, fils d’Erik le Rouge, vers l’an 1000 de notre ère.

Ces sagas ont longtemps été considérées comme des mythes, jusqu’à une découverte marquante dans les années 1960. Les archéologues norvégiens Helge Ingstad et Anne Stine Ingstad ont découvert un établissement à L’Anse aux Meadows, à Terre-Neuve. L’analyse au radiocarbone et l’architecture scandinave ont confirmé : c’était le Vinland, ou du moins son avant-poste, datant du XIe siècle. Cela a prouvé que les Vikings étaient bien les premiers Européens dans le Nouveau Monde.

Cependant, entre le XIe siècle (L’Anse aux Meadows) et 1362 (date sur la pierre de Kensington) s’étend un immense fossé historique. Au XIVe siècle, les colonies vikings du Groenland, qui servaient de tremplin pour de nouvelles expéditions, étaient en crise profonde. Le climat se détériorait (le Petit Âge glaciaire commençait), les routes commerciales étaient interrompues et les contacts avec la Norvège devenaient de plus en plus rares. Pourquoi un petit groupe de Scandinaves aurait-il dû non seulement traverser l’Atlantique, mais aussi parcourir des milliers de kilomètres à l’intérieur du continent à travers des territoires habités par des tribus amérindiennes ? Les partisans de l’authenticité de la pierre suggèrent que cette expédition pourrait être liée à la disparition ou à la recherche des colons groenlandais disparus.

La découverte de la pierre : l’histoire de la trouvaille et les premières recherches

Un homme portant un chapeau examine la pierre runique de Kensington à l'aide d'une loupe, essayant de déchiffrer les anciennes inscriptions.

Olof Ohman, qui a trouvé la pierre, n’était pas un érudit. C’était un fermier, et les runes n’étaient pour lui que des signes étranges. L’histoire de la découverte, racontée par Ohman, est devenue une partie du folklore américain. La pierre était coincée dans les racines d’un vieil tremble, et, selon les témoignages, les racines l’entouraient si étroitement que cela aurait dû prendre de nombreuses décennies, ce qui semblait confirmer l’ancienneté de la trouvaille.

Initialement, Ohman a montré la pierre à ses voisins. Comme la plupart des habitants de Kensington étaient des immigrants scandinaves, ils ont immédiatement reconnu les runes, mais n’ont pas pu les lire, car l’inscription contenait un mélange de formes runiques archaïques et plus tardives, ainsi que des abréviations inhabituelles.

Bientôt, la nouvelle de la découverte parvint à la capitale de l’État. La pierre fut envoyée à l’Université du Minnesota, où elle fut d’abord étudiée par le professeur Olaus J. Breda, spécialiste des langues scandinaves. La réaction de Breda fut sans équivoque et extrêmement négative : mystification. Il déclara que les runes contenaient des erreurs grammaticales et que leur forme était anachronique – c’est-à-dire qu’elles mélangeaient des runes utilisées au XIe siècle avec des runes apparues seulement au XIVe siècle, et même avec des runes qui n’existaient pas avant la fin du Moyen Âge. En 1907, la pierre fut rendue à un Ohman déçu, qui l’utilisa comme marchepied devant sa remise.

Cependant, l’histoire ne s’arrêta pas là. En 1907, la pierre attira l’attention de Hjalmar R. Holand, un historien amateur norvégo-américain. Holand devint le principal et le plus ardent défenseur de l’authenticité de la pierre, consacrant plus de 40 ans de sa vie à son étude et à sa promotion. C’est grâce à ses efforts que la pierre de Kensington devint une sensation internationale.

Le déchiffrement des runes : ce que disent les inscriptions sur la pierre de Kensington

Portrait de Henrik Schück, philologue et chercheur en runes, à son bureau avec des livres et des images de symboles runiques.

L’inscription sur la pierre se compose de deux parties : le texte principal sur la face avant et la date sur le côté. C’est ce texte qui a suscité de vives controverses. Il est écrit dans un mélange de suédois et de norvégien et, si on le traduit en russe moderne, il se lit approximativement comme suit :

Texte principal (traduction) :

  • «8 Goths et 22 Norvégiens en expédition de reconnaissance depuis le Vinland vers l’ouest. Nous avons un camp près de deux îles rocheuses, à une journée de marche au nord de cette pierre. Nous sommes partis pêcher pour une journée. Quand nous sommes revenus, nous avons trouvé 10 de nos hommes rouges de sang et morts. A.V.M. Sauve-nous du mal. »

Date et note (côté) :

  • «Nous avons 10 hommes à la mer pour surveiller notre navire, à 14 jours de marche de cette île. Année 1362. »

L’inscription contient plusieurs détails cruciaux qui confirment ou infirment son authenticité :

  1. La date (1362) : Cette date est idéale pour les partisans, car elle coïncide avec la période où le roi suédois Magnus Eriksson s’intéressait à la situation des colonies groenlandaises. Théoriquement, cette expédition pourrait faire partie d’une mission plus large.
  2. « 8 Goths et 22 Norvégiens » : La mention de « Goths » (Suédois) et de Norvégiens reflète la situation politique de la Scandinavie du XIVe siècle, lorsque la Suède et la Norvège étaient unies sous une seule couronne (l’Union de Kalmar fut créée plus tard, mais l’union politique se préparait déjà).
  3. A.V.M. : Ces initiales signifient probablement Ave Virgo Maria (Salut, Vierge Marie) – une invocation courante à l’époque. Cependant, l’utilisation d’une abréviation sous cette forme sur une pierre runique soulève des questions chez les sceptiques.

Les figures clés du débat : érudits, sceptiques et partisans de l’authenticité

Illustration représentant un forgeron travaillant sur la pierre runique de Kensington et un homme copiant des runes, suggérant le débat sur son authenticité.

Les débats autour de la pierre de Kensington n’ont pas été de calmes discussions académiques ; ce furent de véritables guerres entre historiens et linguistes, s’étendant sur un siècle. Au centre de cette tempête se trouvaient plusieurs figures clés.

Hjalmar R. Holand : Le défenseur infatigable

Holand (1870-1963) fut sans aucun doute le promoteur le plus important de la pierre. Il racheta la pierre à Ohman et consacra sa vie à prouver son authenticité. Holand voyagea à travers le monde, recueillant des témoignages, comparant des cartes et tentant d’expliquer les anomalies linguistiques. Il affirma que les runes étranges étaient le résultat de l’utilisation des runes de Hälsinge (Hälsinge runes), un alphabet simplifié populaire en Suède au XIVe siècle, ainsi que de l’influence des dialectes.

Robert A. Hall Jr. : Le sceptique linguistique

Professeur de linguistique à l’Université Cornell, Hall, au milieu du XXe siècle, devint l’un des principaux critiques de la pierre. Son analyse fut impitoyable. Hall affirma que la langue et la grammaire de l’inscription ne correspondaient pas aux dialectes norvégiens ou suédois de 1362, mais correspondaient étonnamment bien au dialecte suédo-norvégien parlé dans le Minnesota à la fin du XIXe siècle. Il souligna des mots comme « ogh » (et), qui n’étaient pas utilisés en Scandinavie médiévale mais étaient courants chez les immigrants.

Erik Wahlgren : Le principal démasqueur

L’érudit suédo-américain Erik Wahlgren publia en 1958 le livre « The Kensington Stone: A Scandinavian-American Hoax », qui ancra durablement la réputation de falsification de la pierre. Wahlgren analysa en détail toutes les erreurs linguistiques et souligna les circonstances suspectes entourant Olof Ohman, qui, bien que peu instruit, avait accès à des livres de runologie publiés en Scandinavie peu avant 1898.

Richard Nielsen : Le partisan moderne

Ces dernières décennies, le pendule a de nouveau oscillé vers l’authenticité grâce aux travaux de chercheurs comme Richard Nielsen. Il s’est concentré sur l’analyse des runes que Hall et Wahlgren considéraient comme des erreurs. Nielsen a affirmé que ces « erreurs » étaient en fait des formes extrêmement rares, mais documentées, de runes médiévales utilisées dans des régions reculées de Scandinavie, et qu’il aurait été pratiquement impossible de les falsifier en 1898.

Authenticité ou mystification : arguments ‘pour’ et ‘contre’ la pierre runique

Photographie de la pierre runique de Kensington, éclairée par un rayon de lumière dans une ancienne bibliothèque, entourée de livres et de documents anciens.

Le débat sur l’authenticité de la pierre de Kensington n’est pas une simple analyse linguistique, c’est une bataille pour la fierté nationale et l’héritage historique. Examinons les preuves clés avancées par les deux parties.

Arguments en faveur de l’authenticité

  • Datation par les racines : Les témoignages initiaux d’Ohman et de ses voisins indiquaient que les racines du tremble qui entouraient la pierre étaient très anciennes. Bien que ce ne soit pas une preuve scientifique, cela suggère que la pierre gisait à son emplacement depuis très longtemps.
  • Runes uniques : Les partisans, comme Richard Nielsen, soulignent l’utilisation de runes avec des points (par exemple, des runes pour ‘J’ et ‘G’), ainsi que des ligatures spécifiques (runes combinées). Ils affirment que ces formes étaient trop rares et spécialisées pour être connues d’un fermier peu instruit du Minnesota en 1898.
  • Patine d’altération : Des études géologiques menées au début du XXIe siècle ont montré que la patine (fine couche d’oxydation) sur les runes, ainsi que sur les côtés de la pierre, a un âge estimé à plusieurs centaines d’années. Si les runes avaient été gravées en 1898, la patine serait plus claire et moins prononcée.
  • Correspondances géographiques : Holand a découvert dans les environs de Kensington des « pierres d’amarrage » (mooring stones) avec des trous, qu’il pensait utilisées par les Scandinaves pour attacher leurs bateaux lors de leurs déplacements sur les nombreux lacs du Minnesota.

Arguments contre l’authenticité (Mystification)

  • Anachronismes linguistiques : C’est l’argument le plus fort des sceptiques. Le texte contient des mots et des structures grammaticales qui correspondent exactement au suédois du XIXe siècle, et non à celui du XIVe siècle. Par exemple, les runes utilisées pour représenter les voyelles ne correspondent pas au standard médiéval, mais ressemblent à celles des manuels de runologie disponibles à la fin des années 1800.
  • « Erreurs » suspectes : Certains mots sont orthographiés comme les aurait reproduits par erreur une personne peu familière avec l’écriture runique médiévale, mais tentant de l’imiter. Par exemple, l’utilisation du signe A.V.M., qui ressemble à une tentative de créer une abréviation « ancienne ».
  • Motivation d’Ohman : Bien qu’Olof Ohman ait toujours nié sa participation à la falsification, les sceptiques soulignent qu’en tant qu’immigrant suédois, il aurait pu avoir un motif – glorifier l’héritage scandinave en Amérique à une époque où les immigrants tentaient de s’établir dans leur nouvelle patrie. Des rumeurs circulaient selon lesquelles Ohman aurait avoué la mystification sur son lit de mort, bien que cela n’ait jamais été confirmé.
  • Mélange d’alphabets : L’inscription présente une « bouillie runique », mélangeant des runes du Futhark ancien (archaïques), du Futhark récent (médiéval) et même des runes cryptographiques. Les érudits estiment qu’un scribe médiéval, même isolé, n’aurait guère utilisé un alphabet aussi incohérent.

L’impact sur la science historique : comment la pierre de Kensington a changé notre perception de la colonisation de l’Amérique

Illustration de la pierre runique de Kensington, se dressant dans un paysage rural nocturne sous la pleine lune, avec des runes et des symboles gravés.

Indépendamment du verdict final sur son authenticité, la pierre runique de Kensington a eu une influence énorme, bien que controversée, sur la science historique et la conscience publique.

Premièrement, elle a contraint les historiens et les archéologues à prendre plus au sérieux l’idée de contacts transcontinentaux au Moyen Âge. Avant 1898, l’idée que les Vikings aient pu pénétrer aussi loin au sud et à l’ouest était totalement impensable. La pierre, même controversée, a stimulé des recherches plus actives d’autres artefacts norvégiens potentiels en Amérique du Nord.

Deuxièmement, la pierre est devenue une pierre angulaire de l’identité des immigrants scandinaves dans le Midwest. Pour le Minnesota, qui abrite un grand nombre de descendants de Norvégiens et de Suédois, la pierre est devenue un symbole que leurs ancêtres étaient ici « les premiers ». Cela a favorisé le développement du tourisme et la création de centres culturels dédiés au patrimoine norvégien.

Troisièmement, c’est un exemple classique de la manière dont l’histoire et l’archéologie se heurtent à la pseudoscience. Les débats autour de la pierre sont devenus un manuel sur les méthodes de datation, l’analyse linguistique et l’importance de distinguer les faits historiques des mythes désirés. La pierre de Kensington nous rappelle constamment à quel point il est difficile de prouver ou d’infirmer un événement historique lorsque la seule preuve est un seul artefact extrêmement controversé.

Le professeur Hjalmar Holand, malgré les moqueries du milieu universitaire, a réussi à faire accepter la pierre par le public. En 1948, la pierre runique de Kensington fut exposée au Smithsonian Institute (Washington, D.C.), bien qu’avec une réserve sur son authenticité douteuse, mais ce fut une reconnaissance de sa signification culturelle.

La pierre runique de Kensington : faits intéressants et mystères non résolus

Image de la section 'Pierres runiques de Kensington : Questions fréquemment posées (FAQ)' dans un article sur la pierre runique de Kensington : Un mystère qui peut

Outre les principaux débats sur la linguistique et la datation, plusieurs faits moins connus mais non moins intrigants sont associés à la pierre de Kensington.

Le mystère des « 14 jours de voyage »

L’inscription indique que 10 hommes ont été laissés « à la mer pour surveiller notre navire, à 14 jours de marche de cette île ». Si l’on suppose que l’expédition se déplaçait par voie d’eau (via le système des Grands Lacs et des rivières), alors 14 jours de voyage en bateau depuis Kensington (Minnesota) pourraient théoriquement mener à la baie d’Hudson, voire à la côte Est. Les sceptiques considèrent cette distance comme trop grande et irréaliste pour une expédition médiévale, tandis que les partisans y voient une confirmation que les Scandinaves utilisaient un système complexe de voies navigables intérieures.

La théorie de la « Mission Secrète »

Certains partisans, dont l’universitaire Paul Henriksen, avancent la théorie selon laquelle l’expédition de 1362 n’était pas simplement un groupe de marchands ou d’explorateurs, mais faisait partie d’une mission officielle envoyée par le roi Magnus Eriksson. En 1355, le roi aurait envoyé une expédition dirigée par Paul Knutson à la recherche des colons groenlandais disparus. Cette mission, si elle a existé, pourrait expliquer pourquoi les Scandinaves se sont aventurés si loin vers l’ouest.

Lieu de conservation actuel

Aujourd’hui, la pierre runique de Kensington est conservée et exposée au Runestone Museum dans la ville d’Alexandria, Minnesota. Elle est la principale attraction touristique de la région. Le musée s’efforce de présenter les deux aspects du débat – les partisans et les sceptiques – permettant aux visiteurs de décider eux-mêmes si la pierre est authentique.

Le mystère du « couteau runique »

Olof Ohman affirmait avoir également trouvé près de la pierre, bien que pas directement sous elle, un vieil objet métallique ressemblant à un couteau ou un poinçon. Cet objet a été perdu, mais certains chercheurs pensent que c’est avec lui que les runes auraient été gravées. Si cet objet avait été découvert et daté du XIVe siècle, ce serait une preuve incroyable d’authenticité. Mais, hélas, il a disparu sans laisser de trace.

La pierre runique de Kensington : questions fréquemment posées (FAQ)

Nous avons rassemblé les questions les plus fréquentes que nos lecteurs se posent concernant cet étonnant mystère historique.

1. Pourquoi les scientifiques ne peuvent-ils pas dater définitivement la pierre ?

Le problème est que la pierre runique est juste une pierre. Contrairement aux matières organiques (bois, os), elle ne peut pas être datée par analyse au radiocarbone. La datation doit être basée sur des indices indirects :

  • La patine : La vitesse de formation de la patine (couche d’oxydation) dépend de nombreuses variables (humidité, température, composition du sol) et ne donne que des estimations approximatives.
  • La linguistique : L’analyse linguistique est une science basée sur la comparaison. Si la langue de l’inscription contient un mélange de dialectes et d’époques, cela rend la datation précise par la langue pratiquement impossible et ne fait qu’accroître les soupçons de falsification.

2. Quelle est la probabilité que des Scandinaves médiévaux aient réellement pu atteindre le Minnesota ?

Géographiquement, c’est possible. Les Scandinaves auraient pu naviguer depuis le Groenland, traverser le Labrador, entrer dans la baie d’Hudson et utiliser ensuite le système de rivières et de lacs. Cependant, cela aurait nécessité d’énormes ressources, des compétences en navigation fluviale et des contacts réussis (ou leur évitement) avec de nombreuses tribus amérindiennes. D’un point de vue logistique, c’est extrêmement improbable, mais pas impossible.

3. La pierre runique de Kensington est-elle considérée comme un fait historique officiel ?

Non. La grande majorité des linguistes et des spécialistes des runes professionnels dans le monde (y compris des experts de Scandinavie) considèrent la pierre de Kensington comme une falsification créée à la fin du XIXe siècle. Néanmoins, elle est reconnue comme un artefact culturel et historique important pour le Midwest américain et continue d’être activement étudiée par les partisans de son authenticité.

4. Qui est Olof Ohman et pourquoi est-il souvent soupçonné de falsification ?

Olof Ohman (1860-1954) était un immigrant suédois qui a trouvé la pierre. Il est soupçonné car l’analyse linguistique des runes montre une correspondance avec la langue des immigrants suédois de son époque. De plus, Ohman, bien que fermier peu instruit, était connu pour son amour de la lecture et aurait pu avoir accès à des livres contenant des exemples de runes. Cependant, aucune preuve directe et irréfutable de sa culpabilité n’a jamais été présentée. La famille d’Ohman nie toujours catégoriquement sa participation à la mystification.

5. Si la pierre est authentique, pourquoi n’a-t-on pas trouvé d’autres artefacts scandinaves dans le Minnesota ?

C’est un autre argument fort des sceptiques. Si une expédition de 30 personnes avait été présente dans le Minnesota en 1362, on pourrait s’attendre à trouver des outils en métal, des armes ou des restes de campement. Les « pierres d’amarrage » découvertes n’ont pas de datation fiable et pourraient simplement être des trous percés par des fermiers du XIXe siècle. L’absence d’autres artefacts confirmant l’authenticité reste l’un des principaux obstacles pour les partisans.

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